Je fus une enfant solitaire
J’adorais rêver en regardant les nuages défiler dans le ciel durant des heures accoudée au balcon du 6ème étage, seule face au ciel, au bleu immense, aux nuages toujours différents, chacun avec des formes que j’imaginais être tel ou tel animal : un éléphant ? un chien ? Là c’est un oiseau qui court dans le ciel, et là arrive un tigre ou un lion ? Adulte je continue à regarder défiler les nuages dans le ciel, mais sans y voir des animaux, simplement toutes ces formes toujours changeantes, jamais les mêmes d’une minute à l’autre, d’un jour à l’autre. Dans ma tête le rêve, la beauté, l’immensité des cieux, ce bleu clair, transparent, ces blancs tachetés ou unis, défilant là à l’infinité du temps.
Il m’arrivait de jouer à la poupée, mais peu, cela m’ennuyait, sauf de temps à autre pour faire la maitresse d’école à des poupées et ours, que j’asseyais là bien en rang. Ce ne devait pas être avant 9 ans, le temps que j’additionne un nombre suffisant d’élèves. Une poupée particulièrement fragile, avec une tête en porcelaine, était cachée par ma mère dans l’armoire. Elle la sortait de temps à autre, j’ai oublié à quelle occasion, et je ne sais plus pourquoi j’avais une telle poupée, sinon que j’avais du la martyriser puisque j’accompagnai ma mère chez un réparateur de poupée pour re-fixer la tête au corps dont elle avait été séparée.
Mes jeux préférés
Je jouais à faire des puzzles des départements français avec d’autres compagnes, et me souviens que je ne déchiffrais pas toujours les noms de ceux-ci, mal à l’aise face à mes camarades de jeu.
Tant dans la cour de l’école mais surtout au bas de mon immeuble d’habitation je jouais : aux osselets, aux billes, aux balles contre les murs en augmentant le nombre le plus possibles : 2,3 … 4…5 ?
Je commençais à lire les collections pour enfants : Verte, Rouge et Or, moins la Rose, et plus tard et avec passion, toute la collection des Signes de piste dont me fit cadeau le jeune homme que fréquentait ma sœur, alors que les autres collections étaient cartonnées celle-ci avec une simple couverture en papier épais, et les pages en cahier avaient été coupées par le premier lecteur.
Ma mère essaye de m’instruire de la sexualité : je comprends rien
Vers l’âge de 12/13 ans, ma mère essaye de m’instruire de la différence sexuelle entre les filles et les garçons et de la sexualité avec des mots assortis de gestes absolument incompréhensibles pour moi… pour me dire quelque chose comme « le sexe de l’homme pénètre dans le sexe de la femme pour faire des enfants » ! Je l’écoutais attentivement, mais intérieurement je me disais : De quoi ma mère me parle ?… je ne comprends rien. Il est un fait que je ne savais rien sur la différence entre les sexes. Je n’ai jamais vu mon père, ma mère ou ma soeur, autrement que couverts ne serait-ce que d’une robe de chambre, pour moi-même il en allait de même. Ce n’est que adulte et mariée que je me décidais à y aller voir de plus près : dans le bain, avec peur, un interdit énorme me l’empêchant, j’explorai avec une précaution infinie, les contours de mon sexe et l’intérieur… et trouvant des aspérités vers le fond qui me semblent bizarres, vu que je n’avais jamais vu de dessins représentant le sexe d’une femme : lèvres, vagin, ovaires, utérus ; j’allais voir un généraliste pour lui demander si tout était normal ?