Je me cultive : livres et disques

Découvertes : livres et disques

C’est dans cette chambre que je commençais à m’instruire moi-même : disques et livres. Musiques surtout classiques, peu de variétés française, par contre du jazz de plus en plus. Quant aux livres ! Que de livres ! Dans un premier temps j’allais piocher dans la bibliothèque des parents, mais très vite ils m’ennuyèrent, quoique j’ai de bons souvenirs des livres d’explorations qui me passionnaient : chez les esquimaux, dans les montagnes, les explorateurs en Afrique, n’ayant aucune conscience que ceux-ci avaient un rapport avec la colonisation que j’appris plus tard. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu du mal à déchiffrer tous ces textes, que j’absorbais plutôt avec avidité.

Pearl Buck, prix Nobel de littérature, qui me fit découvrir et aimer la Chine

Question livres, ma mère, bien que n’ayant été que peu à l’école, lisait beaucoup et me faisait partager les livres que le libraire de la commune lui indiquait, c’est ainsi que je lisais tout Pearl Buck, prix Nobel de littérature, qui me fit découvrir et aimer la Chine à partir du milieu du XIX ème siècle jusqu’en 1949. J’appris par elle les mœurs des Chinois, la condition des femmes enfermées de la bourgeoisie, les pieds bandés, les mariages arrangés sans l’avis ni des filles ni des garçons, souvent très jeunes, parfois même les filles encore au berceau, pour s’allier avantageusement pour les deux clans, les filles partaient vivre dans leurs nouvelles familles. Les fils restaient dans la maison paternelle, et les filles ne voyaient pour ainsi dire plus leurs parents. Elles appelaient d’ailleurs « mère » la mère de leur mari. Il n’en allait pas de même pour les femmes de la campagne qui travaillaient les champs à égalité avec les hommes, avec une simple houe sans animaux pour les trainer.

La place de la femme en Chine

La femme ainée des familles bourgeoises, quand elle atteignait un âge avancé, remplaçant la précédente qui était morte, avait un pouvoir sur tout le clan. Elle organisait les mariages et les relations toujours difficiles à l’intérieur de ces immenses maisons, remplies de plusieurs couples mariés avec enfants, les jalousies et les médisances régnant, et où chaque couple disposait de plusieurs chambres pour leur famille selon le nombre de leurs enfants ; le choix de la situation de ses ensemble correspondant au rang des fils, les fils ainés disposant des chambres proches du couple du chef de famille. Ce dernier, selon son caractère, pouvait passé son temps dans les « maisons de thé » où il buvait thé et alcool de riz en se distrayant avec les femmes prostituées qui habitaient là, et mal gérer les finances de la maison, ce qui pouvait amener à des catastrophes pour toute la famille. Les enfants étaient surveillés plus ou moins par tous. Les campagnes étaient pour la plupart pauvres, les périodes de famines revenaient dans un cycle d’environ cinq années. Les bourgeois ou nobles des villes ne se préoccupant aucunement de la misère des campagnes qui les entouraient, et dont ils vivaient grâce aux récoltes…

…Et commence à voyager

Je n’ai pas encore parlé des nombreux voyages que je faisais seule et avec mes parents. Colonies de vacances d’été à St Brieuc, Andernos, Cauterets, de deux mois d’affilés, quand mes parents n’avaient pas envie de trainer une enfant, ou une adolescente, à leurs basques ; aussi plusieurs séjours de deux mois en Angleterre dans des familles d’accueil dans l’île de Wight, à Brighton, puis Oxford.

Avec mes parents voyages en Italie : Rome, Naples, Capri, Pompéi, et aussi à travers la France dont Collioure, et fréquents séjours dans la Marne où vivaient la sœur de ma mère avec sa famille et la marraine de mon père avec son mari et son fils adulte. Nous y allions surtout l’automne pour visiter les tombes de la famille de mon père. La famille de mon père possédait et exploitait une modeste ferme. J’ai assisté là au développement du progrès : les machines agricoles qui se prêtaient entre voisins, l’eau courante sur l’évier que la mère refusa longtemps, par contre le tas de fumier restait au milieu de la cour côtoyant le puits. J’assistai en même temps qu’eux à la sortie de l’étable de leur troupeau de vaches atteintes de la fièvre aphteuse ; des personnes vinrent de l’extérieur pour les conduire à l’abattoir : ce fut un deuil, un vrai drame pour eux.

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